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Le 6 mars dernier, la Banque centrale européenne (BCE) a, une nouvelle fois, baissé ses taux directeurs de 0,25%. Pourtant, la Banque centrale du Luxembourg (BCL) anticipe déjà une éventuelle pause dans cette tendance baissière qui dure depuis plus de neuf mois. En janvier, le taux fixe au Luxembourg a d’ailleurs déjà augmenté.
BCE : la dernière baisse ?
Lors de sa dernière réunion, la BCE a réduit ses taux directeurs de 25 points de base, ramenant, notamment le taux de la facilité de dépôt (généralement utilisé par les banques européennes pour établir leurs taux d’intérêt) à 2,5 %.
Cette décision ne surprend pas. Les prévisions économiques anticipent une baisse progressive de l’inflation moyenne sur les trois prochaines années : 2,3 % en 2025, 1,9 % en 2026 et 2,0 % en 2027. L’objectif de la BCE, à savoir stabiliser l’inflation, est donc atteint. La politique monétaire restrictive semble maintenant terminée. Pour les particuliers, cela se traduit par des taux d’intérêt plus bas, rendant les nouveaux prêts immobiliers moins chers.
Cependant, certains facteurs restent à surveiller. La croissance au sein de la zone euro est toujours timide. La BCE table sur une croissance de 0,9 % pour 2025, 1,2 % pour 2026 et 1,3 % pour 2027. A cela s’ajoute un environnement économique mondial incertain, notamment avec les taxes imposées par le gouvernement Trump sur les produits européens. Face à cette situation, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, souhaite « maintenir la stabilité des prix » sans prendre de décisions précipitées. La hausse ou la baisse des taux se décidera donc de réunion en réunion.
En attendant, de nombreux économistes européens prévoient une baisse des taux, au moins jusqu’au mois de juin, pour atteindre un taux directeur de 2%.
Le taux fixe augmente, le variable passe sous les 4 %
Les effets de ces baisses successives ne sont pas immédiatement perceptibles au Luxembourg. Les dernières données de la BCL le confirment. Après plusieurs baisses, le taux fixe des nouveaux prêts immobiliers, accordés en janvier 2025 pour une durée initiale supérieure à 10 ans, a augmenté. Il se situe désormais à :
- - À 3,68 % pour les prêts d’une durée de 10 à 15 ans, soit + 5 points de base par rapport à décembre 2024 ;
- - À 2,99 % pour les prêts d’une durée de 15 à 20 ans, soit + 4 points de base par rapport à décembre 2024 ;
- - À 3,32 % pour les prêts d’une durée de 20 à 25 ans, soit + 23 points de base par rapport à décembre 2024 ;
- - À 3,32 % pour les prêts d’une durée de 25 à 30 ans, soit + 6 points de base par rapport à décembre 2024 ;
- - À 3,47% pour les prêts d’une durée supérieure à 30 ans, soit + 5 points de base par rapport à décembre 2024.
Du côté du taux variable, bonne nouvelle : il repasse enfin sous la barre des 4 %, atteignant 3,88 % en janvier 2025, contre 4,04 % en décembre dernier. On reste, cependant, très loin du taux variable de 2% enregistré en septembre 2022 !
BCE vs banques : le grand écart
Comparé à la France ou à la Belgique, où les taux varient déjà entre 2,55 et 3,3%, le Luxembourg tarde toujours à suivre la tendance baissière imposée par la BCL et à l’appliquer à ces crédits hypothécaires. Pourquoi ? Dans une récente interview avec le Luxembourg Times, Claude Hirtzig, responsable du département Retail de la Spuerkeess, explique que plusieurs facteurs influencent ce délai d’application :
- - Le type de taux : en général, le taux variable est plus réactif que le taux fixe.
- - La politique interne de la banque : « chaque banque a sa propre stratégie »
- - Les conditions du marché : l’environnement économique est-il favorable ? La tendance à la baisse est-elle durable ?
Néanmoins, le banquier ne dit pas tout. Il existe d’autres facteurs moins avouables qui expliquent le retard d’application des taux :
- - Il est plus rentable pour une banque d’attendre avant de baisser ses taux, afin d’éviter de perdre des intérêts et de réduire ses marges. . En revanche, si les taux augmentent, la banque a tout intérêt à répercuter la hausse rapidement sur les prêts.
- - Réduire les pertes financières. Les banques empruntent aussi pour prêter aux particuliers. Si elles ont emprunté à un taux élevé, il leur est contre-productif de baisser trop rapidement le taux des prêts immobiliers.
- - Rester compétitive. Une banque n’a aucun intérêt à être la première à baisser ses taux, car cela réduirait sa rentabilité par rapport à ses concurrentes. Les ajustements se font donc progressivement et lentement.
Eine Pause beim Rückgang der Zinssätze