Attendue et anticipée par la majorité des experts européens, la décision de la Banque Centrale européenne (BCE) de maintenir ses taux directeurs n’exclut pas une nouvelle baisse d’ici la fin de l’année. Quoique…
L’inflation tient bon la barre
C’était un secret de Polichinelle… Après huit baisses consécutives, la BCE a, le 25 juillet dernier, décidé de marquer une pause. Le taux d’intérêt de la facilité de dépôt – principale boussole pour déterminer les taux d’intérêt des prêts immobiliers – reste donc inchangé à 2 %.
L’institution monétaire explique sa décision par une inflation stabilisée à 2 %, objectif initial fixé après l’explosion des prix à la consommation dans le sillage de la pandémie de COVID-19 et de la guerre en Ukraine. Autre facteur d’apaisement : la solidité de l’économie européenne face à un contexte mondial souvent incertain.
La modération de l’inflation et des signes encourageants sur la croissance placent la BCE « en bonne position pour affronter les turbulences des prochains mois », a assuré Christine Lagarde après l’annonce des taux.
Les droits de douane vont-ils rebattre les cartes ?
Quant à savoir si la banque européenne reprendra son cycle de baisses à la rentrée, rien n’est moins sûr. La Présidente de la BCE s’est montrée extrêmement prudente à ce sujet.
Il faut dire que la tension entre l’Europe et les Etats-Unis concernant les droits de douane s’est accentuée récemment. Le 12 juillet, le président américain Donald Trump a pris tout le monde à revers en décrétant des droits de douane de 30 % sur toutes les importations en provenance de l’Union Européenne à compter du 1er août.
Face à cette décision américaine, deux scénarios se dessinent :
- Soit les exportations européennes reculent, freinant l’activité économique. La Chine, confrontée à une surproduction faute d’accès au marché américain, pourrait réorienter ses produits vers l’Europe, entraînant une hausse de l’offre. Ce qui entraînerait une pression à la baisse sur les prix, donc une désinflation.
- Soit les échanges commerciaux sont fortement perturbés, désorganisant les chaînes d’approvisionnement et réduisant l’offre disponible. Avec à la clé une nouvelle flambée des prix.
Dans le premier cas, la BCE pourrait baisser une nouvelle fois ses taux pour soutenir l’activité économique. Dans le second, elle pourrait être contrainte de maintenir ses taux inchangés, voire de les relever à nouveau si l’inflation repartait à la hausse
Seul un dénouement des tensions commerciales pourrait «redresser le moral et stimuler l’activité», allégeant la pression sur les prix et stabilisant les taux à leur niveau actuel.
Les prévisions s’assombrissent
Alors qu’en juin dernier, la plupart des experts tablaient sur une, voire deux autres baisses avant la fin de l’année, ils sont de moins en moins nombreux à le croire aujourd’hui.
Goldman Sachs et BNP Paribas ont révisé leurs prévisions en estimant qu’il n’y aura plus aucune baisse de taux en 2025.
J.P. Morgan a repoussé son anticipation d’une baisse de septembre à octobre, tandis que des banques comme Bank of America, Barclays, Deutsche Bank, Morgan Stanley et UniCredit restent partagées, doutant davantage d’une possible baisse en septembre.
Cette méfiance grandissante des acteurs économiques européens laisse penser que l’économie pourrait à nouveau connaître des difficultés persistantes (inflation, tensions commerciales). Y aura-t-il une dernière baisse en septembre ? Les taux resteront-ils stables ? Ou faudra-t-il à nouveau que la BCE resserre la vis en 2026 en augmentant les taux, au grand dam des emprunteurs ? Seul l’avenir nous le dira.
Pause estivale pour les taux